mercredi 6 décembre 2006

L'accès à la lecture et à l'information des personnes handicapées visuelles : réalité et perspectives.

Références bibliographiques :

DESBUQUOIS Catherine. L'accès à la lecture et à l'information des personnes handicapées visuelles : réalité et perspectives. BBF, 2001, vol. 47, n°6, pp. 78-83.


Résumé :

Dans cet article, l'auteur nous expose très clairement l'état actuel des choses concernant l'accès à l'information pour les personnes handicapées visuelles : état des lieu, problèmes juridique, mais aussi de coûts, de réalisation, de production, de distribution, perspectives... Elle finit par se questionner sur la place que doivent adopter les bibliothèques publiques dans le domaine de l'édition adaptée.

A ce jour, les publics concernés par l'édition adaptée, c'est-à-dire la population mal/non voyant est difficile à chiffrer. A priori, 3,1million d'individus sont atteints visuellement parlant, et 10% de la population naît avec un problème de vision. Finalement, 77000 personnes en France sont aveugles, seulement 20% ont appris le braille et seulement 10% le pratique. Ce nombre ne représente pas un marché potentiel pour que les éditeurs s'y intéressent réellement. Jusqu'à ce jour, de manière générale, tout ce qui concerne la non/malvoyance est traité par des associations et non par le domaine public, même si des bibliothèques tentent de s'intéresser au problème. Ce sont pour l'instant les proches, les éducateurs, les associations qui réalisent un travail d'édition quand besoin est et s'ils sont en possession de scanners, imprimantes, photocopieurs en braille. La France n'agit pas énormément pour permettre le développement des ouvrages adaptés au handicapés visuels, contrairement aux Etats-Unis où a été mise en place le "National Library Service for Blind and Physically Handicapped of the Library of Congress" qui propose des lois (intégration personnes handicapées dans la société américaine : travail, logement, télécommunication, culture... ; possibilité de réimprimer des ouvrages en braille sans avoir besoin de l'autorisation de l'auteur), un budget en augmentation constante, de plus en plus de personnel avec un service "satisfaction" pour les usagers, un soutien constant des associations qui peuvent alors faire pression, mise en place d'un réseau de bibliothèques spécifiques...

Juridiquement parlant, se pose toujours la question du copyright : dans le code de la propriété intellectuelle, il n'y a pas de droit d'auteurs favorables à l'édition adaptée. Il faut alors demander l'autorisation aux éditeurs d'adapter les livres, ce qui fait beaucoup de travail pour les producteurs pour peu de chose (en réalité, 1/3 seulement des ouvrages en braille suit cette obligation). La logique dans le cas de l'édition adaptée voudrait qu'il y ait une dérogation automatique aux droits d'auteurs pour ces ouvrages particuliers. La Directive Européenne sur l'harmonisation des droits d'auteurs et des droits voisins dans la société de l'information stipule justement que la reproduction est autorisée même sans droit d'auteurs dans le cas où il y a une problème de handicap et tant que ce n'est pas utilisé à des fins commerciales, c'est un principe d'exception. Plusieurs pays européens ont déjà adopté ce principe. En font partie la Norvège, la Suède, le Danemark, la Finlande, le Portugal, l'Espagne, les Pays Bas (qui ont déjà passé un accord avec les éditeurs, sans besoin de législateur) et l'Irlande. D'autres pays sont en cours d'adoption : la Grande Bretagne, l'Allemagne et l'Autriche.

Cependant la Directive Européenne rentre en contradiction avec une autre partie de la loi qui dit que pour protéger le droit d'auteur, il faut que ce dernier mette en place des protections (cryptage, brouillage...) et empêche ainsi la reproduction illégale. La Directive Européenne est d'avis que ces protections doivent être supprimées dans le cadre de la partie de la loi concernant la reproduction autorisée en cas de handicap. En France, la loi est toujours en révision sous la pression des associations spécialisée dans le domaine du handicap.

L'édition adaptée a une économie bien particulière. Globalement, de plus en plus d'ouvrages sont adaptés aux handicapé visuels : en 2002, 7% des ouvrages disponibles sont adaptés, un augmentation considérable en un an. Cela peut se faire grâce à quatre techniques :

- les logiciels brailles : quatre sont particulièrement utilisés en France, ils permettent le travail sur ordinateur et l'impression en braille.

- les gros caractères : ce sont souvent des photocopies en grand format, ce qui permet de ne pas avoir de travail de remise en page.

- la scannérisation : c'est la numérisation d'un livre s'il n'y a pas de fichier source proposé (permettant l'impression en braille par exemple) par l'éditeur. Elle est plus longue et risquée au niveau du nombre d'erreurs possibles lors de la numérisation et de la reconnaissance optique de caractère. C'est la moins fiable des toutes les techniques.

- l'enregistrement sonore : c'est le plus répandu, il sera bientôt remplacé par enregistrement audionumérique. Le coût est souvent celui le moins élevé de toutes les techniques.

Les coûts sont globalement très élevés, pour l'impression des livres en braille du fait de l'adaptation qui demande des techniques bien particulières, mais aussi parce qu'ils sont tirés en nombre d'exemplaires très faible. Ces ouvrages sont souvent utilisés dans le cadre de prêt et bénéficient d'une exonération des taxes postales, sauf pour le transport aérien.

Quelles sont donc les perspectives pour les livres adaptés ? Il est utile de remarquer que le numérique, même s'il n'a pas réponse à tout, peut déjà apporter bien des solutions :

- le livre électronique peut être une première solution s'il est possible d'utiliser des périphériques permettant une lecture adaptée, par exemple en gros caractères (ce qui n’est pas encore trop possible car beaucoup de précautions sont prises par les éditeurs pour éviter le piratage). Pour l'instant, seule reste la possibilité d'utilisation des bibliothèques de documents numérisés en ligne. Mais il a aussi été mis en place un serveur, "Hélène", permettant un accès simplifié aux ouvrages imprimables pour les producteurs d'ouvrage en braille ou gros caractères.

- il est aussi possible d'avoir maintenant des livres sonores que l'on peut feuilleter de page en page, de chapitre en chapitre et d'y mettre toute trace de sa lecture que l'on jugerait nécessaire.

- Internet devient accessible aux handicapés visuels si tant est qu'ils soient en possession de logiciels spécifiques avec plages tactiles permettant la lecture en braille, l'impression en braille ou gros caractères...

Dans ce domaine, les bibliothèques publiques ont donc plusieurs possibilités de positionnement à adopter : être un producteur de document adaptés ou ne pas l'être. Une bibliothèque équipée de tout le matériel et personnel nécessaire pourra devenir producteur d'ouvrages adaptés, mais il y aura toujours le problème de savoir si elle est prête à effectuer un prêt à domicile ou à travers le territoire français. Dans le cas de bibliothèque non équipée à la production, il est alors possible de s'équiper au moins du matériel adapté pour permettre la lecture sur place. Leur rôle risque donc d’évoluer encore, dans un sens ou dans un autre.


Avis critique :

Si j'ai choisi ce texte c'est surtout en partant sur une question pratique : si l'on sait tous que le braille est l'écriture adapté aux handicapés visuels, il est existe sûrement d'autre techniques, lesquelles ? Par ailleurs, comment un texte numérique peut-il être lu par des déficients visuels, quelles sont les techniques du numérique ?

En choisissant ce texte, j'ai débord cru que je n'aurais réponse qu'à une partie de mes questionnements (les autres techniques de lecture que le braille), car il est vrai qu’il n'a au départ pas grand rapport avec le thème du numérique et traite plus de manière globale la question de la lecture adaptée tout en faisant vraiment un état des lieu de l'édition adapté. Mais en arrivant au passage des perspectives possibles pour l'avenir de l'édition adaptée aux personnes handicapée, beaucoup de choses se sont éclaircies : il existe donc des logiciels spécifiques qui permettent l'impression en braille ou en gros caractères ou qui traduisent le texte en document sonore. Le choix de cet article même s'il partait d'une envie un peu personnelle m'a donc bien apporté les réponses à toutes les questions que je me posais.

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